Lorsque j'étais enfant, je devais
souvent m'habiller avec les "restes" de mes cousins-cousines. Et
forcément, ce n'était pas facile de recycler le pull porté par ma cousine 2 ans plus tôt, qui
elle-même tenait ce pull de son frère (de 3 ans son ainé) etc etc.
Le
temps que les vêtements parviennent jusqu'à moi, la mode avait bien
changé, et je rechignais souvent à porter ces tenues d'une autre
époque, en pleurnichant "mais je vais être ridicule à l'école, personne
ne porte des trucs pareils".
Et à mes plaintes, ma mère apportait
souvent la même réponse : "mais justement, tu vas lancer une mode".
Autant vous avouer tout de suite que cela ne s'est jamais produit.
J'ai
donc grandi avec l'idée que la mode est cet effet que je ne peux pas
produire : arborer un look improbable et ridicule, mais avec tellement
de classe que les autres s'empressent de reproduire ce look (avec
nettement moins de classe, bien entendu).
La mode, je ne la lance
pas, je me contente de la suivre, de loin, à condition qu'elle me
paraisse abordable. Eh oui, le temps n'arrange pas les choses : ce qui
est classe, branché, un peu fou mais tellement innovant sur un
magnifique mannequin blond d'1m80 est toujours, sur moi, au mieux pas
mal, en général banal, et parfois franchement hilarant (il m'est déjà
arrivé de rire toute seule dans une cabine d'essayage).
De
toute facon, ca doit être bien trop fatiguant de lancer la mode :
Trouver des fringues que personne n'a envie de mettre, les porter en
affrontant les premiers regards sceptiques, et dès que la mode est
lancée, les abandonner au fond de l'armoire et chercher encore un
nouveau look surprenant (au risque de se planter parfois et d'avoir
l'air vraiment très ridicule).
Finalement, ma situation me plaît :
je peux choisir les tenues et accessoires de mode qui me plaisent après
avoir laissé quelques cobayes les tester pour moi, et surtout je ne
suis plus obligée de porter les vêtements usés de mes cousines.
Texte écrit pour le concours du boudoir en Collaboration avec SABRINA.